CHRÉTIENS (AU PROCHE ORIENT)

Environ 13 millions de chrétiens vivent aujourd’hui au Proche-Orient, en Turquie et en Iran. Il est difficile en l’absence de statistiques précises d’évaluer correctement la part de la population chrétienne dans les pays du Moyen-Orient. On estime ainsi qu’il y aurait actuellement environ 30% de chrétiens au Liban, 10% en Syrie, 2% en Jordanie, 3% en Irak, 2% en Palestine, 10% en Israël (Arabes israéliens) et 8% en Egypte.

Beaucoup d’Arabes chrétiens ont émigré vers l’Europe, l’Afrique de l’Ouest, les Etats-Unis et le Canada et l’Australie. Cette émigration en augmentation est liée à des causes à la fois économiques et politiques (guerre civile libanaise entre 1975-1990, territoires palestiniens occupés par Israël, embargo en Irak) mais s’explique aussi par la pression idéologique et sociale exercée par les courants fondamentalistes musulmans dans un contexte où l’absence de démocratie n’a pas favorisé la tolérance inter-religieuse.

Les chrétiens dans le monde arabe appartiennent à une douzaines d’églises différentes, résultats de nombreux conflits et schismes depuis que le Christianisme est devenu religion d’Etat dans l’empire romain sous Constantin en 313. Quatre églises différentes ont prospéré autour de quatre évêchés: Rome (Eglise catholique romaine ou latine), Constantinople (Eglise grecque orthodoxe), Antioche (Eglise syrienne ou jacobite) et Alexandrie (Eglise copte). Par ailleurs, tous les Chrétiens dans le monde arabe ne sont pas Arabes. Il y a aussi des Arméniens, mais surtout des Assyro-Chaldéens, majoritaires parmi les Chrétiens d’Irak.

D’autres divisions sont apparues au quatrième siècle (créant l’église arménienne), au cinquième siècle (assyrienne en Mésopotamie et en Iran), au septième siècle (l’église maronite au Liban). Avec les Croisades, et plus tard avec l’affaiblissement de l’empire ottoman et la recherche de soutien en Europe, certaines églises ont reconnu la primauté de Rome et ont été appelées « églises uniates ». Elles ont gardé une grande autonomie et conservé leurs rites, coutumes (comme la possibilité, pour des hommes mariés, d’être ordonnés prêtres) et leur langue liturgique (arabe, grec, syriaque). C’est le cas des Maronites au Liban (certains Maronites affirment toutefois que leur église n’avait jamais été séparée de Rome mais qu’elle « avait perdu le contact »). Plus tard, au 17ème siècle, les Assyriens en Mésopotamie et en Iran se sont scindés entre Chaldéens (rattachés à Rome) et Assyriens (non-uniates).

Au 19ème siècle, des missionnaires protestants – américains notamment – ont suivi les traces des missionnaires catholiques européens et ont commencé à faire du prosélytisme dans le monde arabe. Cette entreprise n’a pas réellement été couronnée de succès, la conversion d’un musulman étant quasiment impossible. Les seuls convertis ont été pour l’essentiel des fidèles des diverses églises chrétiennes. Ils ont néanmoins eu un impact important par la création d’institutions d’enseignement comme les universités américaines de Beyrouth et du Caire qui ont joué un certain rôle dans l’émergence du nationalisme arabe.

Après l’avènement de l’Islam, le Christianisme a complètement disparu au Maghreb (Maroc, Algérie et Tunisie), dans la péninsule arabique et au Soudan. Au 19ème siècle, le Christianisme a réapparu au Soudan par le biais de la présence au Soudan d’employés et de commerçants coptes égyptiens pendant le Condominium anglo-égyptien. Des missionnaires, catholiques et protestants, ont également eu accès au sud du pays où ils ont converti environ 15 % de la population, précédemment animiste. La conquête coloniale a aussi mené à un retour du Christianisme au Maghreb mais sans impact durable sur les sociétés arabes locales.

En Arabie Saoudite, berceau de l’Islam, toute activité chrétienne (ou d’autre religion que l’Islam), même pour les nombreaux travailleurs étrangères, est assimilé à une tentative de prosélytisme et est strictement interdite. Des églises de différentes confessions fonctionnent toutefois dans la plupart des autres pays arabes du Golfe (comme Qatar, les Emirats Arabs Unis, le Koweït, le sultanat d’Oman) où elles desservent les besoins des travailleurs émigrés.